KALÉIDOSCOPE

La couleur est le fil « rouge » de cette exposition réunissant les œuvres majeures du MUba Eugène Leroy, du 17e siècle à nos jours. Chaude ou froide, douce ou éclatante, la couleur donne vie à la matière et influence notre perception.

À la manière d’un kaléidoscope, instrument optique qui fait varier les formes et les couleurs, ce parcours inédit dans les collections du musée crée des jeux d’échos et de dialogues entre les œuvres de toutes les couleurs, formes et périodes. Interroger la palette des artistes, c’est questionner le regard du visiteur, la diversité de ses sensations et émotions.

Commissariat : Mélanie Lerat et Christelle Manfredi,
MUba Eugène Leroy

KALÉIDOSCOPE: DE MILLE COULEURS

Explorant la palette infinie des artistes, cette partie de l’exposition est organisée par dominante colorée et invite à cheminer du vert au rouge, du jaune au bleu. Les variations y sont multiples et déclinent les tonalités en nuance, mélange, harmonie et contraste.

Les artistes donnent vie à la matière par les moyens de la couleur, en cherchant parfois la ressemblance comme dans le Grand buffet de Michel Bouillon qui retranscrit le velouté de la pêche, la transparence du grain de raisin ou les reflets nacrés du coquillage.

Ailleurs, la dimension symbolique de la couleur est perceptible, teintée de considération spirituelle comme le lys blanc de L’ Annonciation de Maurice Denis ou sociale dans le teint verdâtre du Portrait de ma concierge de Jean Fautrier. La couleur est expression sensuelle de la vie, d’une émotion, joyeuse ou mélancolique, et d’une énergie parfois exubérante, comme dans les différentes sculptures fantasmagoriques d’Elmar Trenkwalder.

KALÉIDOSCOPE : EN NOIR ET BLANC

Tel un kaléidoscope, le parcours thématique dans les collections du musée explore toute la puissance et la vivacité créatrice du noir et blanc, deux tons aussi absolus qu’opposés. Si le dessin et la gravure figurent en bonne place, la peinture, la photographie ou la sculpture ne sont pas en reste dans ces infinies variations en noir et blanc à travers les siècles.

Les œuvres témoignent d’enjeux plastiques forts : le caractère graphique des œuvres aux vocabulaires épurés - lignes, hachures, points -, se joue souvent d’une apparente rigueur géométrique, comme chez Aurélie Nemours ou Antonio Semeraro, où la symétrie est mise à mal par la main de l’artiste. Les effets de rythme, de répétition et de variation résultent d’un savant équilibre entre plein et vide, matériel et immatériel.

L’ondulation dansante de la ligne et les subtiles modulations de tons et de matières suggèrent un monde secret, celui du bruissement, de l’évanescence, de l’esquisse et du flou : l’air et l’eau ne font plus qu’un chez Pat Steir ou Angela Grauerholz, le nu féminin se laisse à peine saisir dans les dessins au fusain d’Eugène Leroy.

Le noir et le blanc ne sont décidément pas des couleurs comme les autres.

LABORATOIRE : EUGÈNE LEROY

Natif de Tourcoing, Eugène Leroy (1910-2000) est un artiste-peintre profondément singulier dont l’œuvre est reconnue à l’international. En 2009, les fils de l’artiste réalisent une donation exceptionnelle de plus de 400 peintures, dessins, gravures et sculptures. Ces œuvres forment aujourd’hui le cœur vibrant de la collection du musée des beaux-arts de Tourcoing, rebaptisé MUba Eugène Leroy.

Dans une salle dédiée, est présenté un ensemble de toiles et dessins caractéristiques de la dernière décennie de la vie d’Eugène Leroy, alors âgé de 80 ans : couleurs vives, grand format, figures humaines et influence déterminante des saisons, entre lumière changeante et réflexion sur le temps qui s’incarne dans la matière épaisse, accumulée de jour en jour. Tout au long de sa vie, Leroy a cherché à « fixer de la lumière vraie dans de la couleur peinte » selon l’expression du conservateur du musée des beaux-arts de Tourcoing, Jacques Bornibus, dans les années 1950. Les toiles magistrales de la dernière décennie synthétisent cette quête.